Méditer

Le Silence des Heures - Cinquième jour

Quand je m'échappe quelques jours de l'agitation et du bruit incessant des villes, comme cette année, commençant par une semaine de marche dans les Écrins, puis continuant par cette retraite en Normandie dont j'essaie de tenir chaque jour un journal d'impressions et de réflexions, je revis toujours à peu près la même expérience : le bruit et l'agitation se sont éloignés mais leurs résonances, leurs réminiscences restent évidemment présentes dans l'océan intérieur.

Et dans le calme étonnant que m'apporte cette mise à l'écart provisoire, je m'assieds et regarde ma conscience voyager au milieu d'un agrégat informe d'impressions mémorielles... C'est comme un yoyo qui descendrait dans les profondeurs, - où survivent je ne sais quelles créatures sans notion aucune de la lumière d'en haut ! puis reviendrait vers la surface visible, remontant avec lui sons, images, émotions, accrochant même parfois des bribes de sens.

Voilà d'ailleurs que passent quelques joyeux mots bien habillés, que mon incessant travailleur le yoyo vient de libérer du néant, ils se poursuivent en cavalcade, ricochent contre les parois de la conscience, et s'éloignent sans plus de manière...

Vraiment ! je vous assure, ces surgissements soudains me donneraient parfois même l’impression de penser, n'était-ce cette vraie pensée qui me tombe dessus, avec un lourd poids d'inquiétude : mais qui donc lance le yoyo ?

Quel est ce joueur infatigable qui joue de mes moyens pour occuper mon cerveau et y dresser son théâtre d'ombres et de lumières dont je suis le spectateur ébahi ?

© Jérôme Nathanaël - 14 août 2021

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Photo Nayr


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